dimanche 12 janvier 2014

« Ce que le Tunisien ne veut pas comprendre »

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Trois ans sont révolus depuis un élan populaire sans précédent contre un régime corrompu, clientéliste et dictateur. Pas moins de quatre gouvernements ont successivement pris les règnes du pays ; et plusieurs figures politiques tous courants confondus ainsi que des syndicalistes ont pu accéder à des postes de responsabilité.

Néanmoins, l’opinion publique semble être unanime sur un constat amer : la révolution a été comme un mirage, tel un rêve qui s’éloigne d’un jour à un autre.  (Lire la suite)


Les libertés conquises par les journalistes, les médias et  les activistes ont hélas mis en exergue des maux qui ne datent pas d’aujourd’hui : Campagnes de diffamation et de dénigrement, clientélisme et corruption, bureaucratie, détérioration de l’environnement et des conditions hygiéniques, médiocrité du service touristique dans certains lieux de notoriété, dégradation du niveau artistique, consumérisme, etc. 

Avec un peu de recul, nous estimons que la jeune démocratie en Tunisie ne saura nous offrir un environnement plus propre et viable sans l’implication de chaque citoyen certes à travers les associations ou les collectivités locales. 

Pour reprendre les mots de Aïda Akari Cherif, militante associative et politique depuis l’ère de Ben Ali : « Ce ne sont pas les campagnes de sensibilisations qui manquent, surtout au niveau de l’hygiène, la sécurité routière et l’économie de l’énergie, mais cela reste très peu pour persuader tout une société de l’enjeu, et tant que le tunisien est individualiste ne pensant qu’à sa propre vie, aucune avancée ne pourra se réaliser. » 

Cela résume des observations touchant des aspects aussi différents de notre quotidien,  dans le cadre d'un carnet de voyage, rédigés par Aïda Cherif et publiées sur les colonnes du portail de la femme tunisienne «  Tounsia 4Ever » courant 2010. 

A l’époque, la censure était la bête noire de toute voix libre mais ces articles ont pu faire leur chemin vers les internautes, probablement que la police d’Internet n’a pas estimé ce contenu comme hostile à l’ancien régime. 

Ce régime s’est écroulé tel un château de cartes, les cartes ont été mélangées, les règles du jeu politique ont changé radicalement, et plusieurs figures de l’opposition ont pu accéder au pouvoir, mais les problèmes sont toujours là. 

Au final, nos députés et nos responsables sur tous les niveaux ne sont que le reflet de notre société qui était au centre des critiques de Aïda Cherif. L’insouciance, l’amateurisme ou pire, la corruption constatée dans la sphère politique et administrative n’ont malheureusement pas été « dégagés » avec l’ancien parti unique qui puisait ses pratiques dans la société dont il a été issu. C’est le propre de toute classe politique. 

Aujourd’hui, nous souhaitons remettre à l’ordre du jour les observations de Aïda Cherif pour ainsi remettre en question les moindres habitudes caractérisant notre quotidien jusqu’à certains traits de notre mentalité.

Le nouveau climat démocratique est certes bénéfique pour instaurer des contre-pouvoirs et pour limiter les abus des dirigeants, mais ne pouvons croire que tel ou tel parti au pouvoir pourra faire améliorer les choses. 

De notre point de vue, la qualité de la vie ne se limite pas à quelques indicateurs comme énumérés par les économistes. 

D’autre part, l’identité tunisienne n’a pas encore connu sa révolution ; elle a toujours été déchirée tantôt par les courants idéologiques qui traversaient notre société à travers les médias, tantôt entre les Tunisiens résidents et ceux qui sont nés sous d’autres cieux. De temps à autre, le régionalisme refait surface et cela n’a rien de banal. 

Plus que jamais, le Tunisien du 21ème siècle doit reconquérir son identité loin de l’instrumentalisation idéologique et partisane des années 50 et 60 du… siècle dernier. Nous partageons également nombre de réflexions de Aïda Cherif qui a pu dépasser le débat byzantin opposant conservateurs et modernistes pour nous proposer une ligne de pensée qui pourrait, nous le souhaitons bien, réunir les Tunisiens autour de leur avenir au lieu de les diviser.

Nous aspirons à ce que la Tunisie redevienne une civilisation, à ce que nous arrêtions de nous comparer aux « autres » plus ou moins développés que nous.


Bonne lecture !  


http://www.tounsia4ever.com/tag/chronique-aida-cherif



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